Témoignage

J'ai souhaité vous faire connaître un fait qui m'a touché dans ma vie privée. Ce qui n'est pas trop à mon habitude.

Le 9 juillet 2020, au-dessus de La Bérarde (38) dans le Massif des Ecrins, j'ai effectué une randonnée de reconnaissance avec une autre personne, comme moi très aguerrie à la marche en montagne.

Après être montés tous les deux dans le Vallon de BonnePierre, j'ai pu alors constater que cet espace ne correspondait pas à la clientèle que je souhaitais accompagner ici car il était potentiellement dangereux (moraine instable et très haute). Je n'avais pas à être ici avec mes clients.

Nous avons donc tranquillement pris le chemin du retour car il y a un chemin très bien marqué pour rejoindre le village de La Bérarde. Un bon chemin, dans les rhododendrons fleuris en ce jour très ensoleillé de juillet.

A moins d'un heure du village, une voix à 5 mètres derrière moi, m'appelait en détresse. L'autre personne avait mis le pied sur un petit galet rond lui-même posé sur un bloc que je venais de franchir 5 secondes plus tôt. Il n'en avait pas fallu davantage pour la personne fasse une chute sur les fesses. Pas sur le dos, pas dans un ravin, juste sur les fesses, comme on s’assoit, mais un peu trop vite.

Or, en tombant au sol, le bras qui avait tenté d'amortir la toute petite chute s'est très mal appuyé sur une grosse pierre plate qui bordait le chemin.

 

Luxation de l'épaule

La personne m'appelait parce qu'une violente douleur à l'épaule droite l'empêchait de se redresser. Une fois à sa hauteur, sans même relever son t-shirt, j'ai pu assez vite poser le diagnostic : luxation de l'épaule !

Cette personne pourtant très courageuse se tordait de douleur, quasi dans l'incapacité de seulement se mettre debout. A ce moment-là, j'ai pris la décision d'alerter les secours au 112, tout en essayant de dissuader la personne blessée d'envisager de regagner à pied le village.

Coup de chance, mon mobile pouvait contacter les secours malgré le relief. En indiquant que j'étais un professionnel de la montagne détenteur d'un brevet de secourisme, la prise en charge téléphonique n'a pas traîné, bien que passant par plusieurs services en cascade afin d'arriver au plus adapté. Rien d'anormal.

Mon dernier interlocuteur m'informait que ce serait un hélicoptère qui viendrait assurer l'évacuation. Il me demandait de respecter le protocole habituel à l'arrivée de cet engin aérien très spécial.

Il me rassurait en m'informant que l'appareil était basé à L'Alpe d'Huez et qu'il ne mettrait pas plus de 10 minutes à arriver.

Cette dernière information ne me laissait pas de temps pour prévoir une vraie DZ. Je restais donc avec la personne blessée, de moins en moins capable de se mouvoir, se tordant de douleur.

Or, ce sont pratiquement 40 minutes qu'il a fallu pour que l'hélicoptère apparaisse dans le ciel.
10 minutes supplémentaires pour que 2 gendarmes du PGHM et un médecin urgentiste en descendent.
45 minutes supplémentaires pour médicaliser la personne blessée et la faire décoller.

Ce dernier moment a été l'occasion, pour les gendarmes et moi même, d'échanger sur la situation des secours au 9 juillet, en plein déconfinement : ils étaient débordés. Trop de blessés en montagne, réellement incapables d'accéder à des soins autrement que par la voie aérienne.

EPILOGUE

En seulement 1h, j'ai regagné à pied mon véhicule garé à La Bérarde puis ai pris la route pour me rendre aux urgences de l'hôpital Sud de Grenoble.
La personne blessée m'y attendait, la luxation de l'épaule réduite. Mais dans un état physique général extrêmement faible : blessure, stress, attente, vol en hélico, douleurs très intenses, nombreuses injections de calmants très puissants, réduction de la luxation sous anesthésie locale...

NOTRE CONCLUSION au 9 JUILLET 2020

La personne blessée a très sincèrement remercié les gendarmes, le pilote, le médecin urgentiste vraiment très humain et très professionnel, le personnel des urgences de l'hôpital.
De plus, malgré la facilité du chemin en temps normal, cette personne aurait souffert le martyr pour regagner notre véhicule à pied.
Elle a aussi conclu que le calvaire qu'elle aurait pu subir en cas de sur-fréquentation des urgences aurait été bien pire, priorité COVID19 oblige.
Tout cela pour un malheureux galet posé au milieu d'un chemin où passent chaque année des centaines de personnes, sans le moindre souci.
Merci d'avoir pris le temps de lire ce témoignage.

Et si vous n'êtes pas vraiment convaincu·e de la nécessité de ne PAS pratiquer d'activités de pleine nature en raison de la pandémie, ayez jusqu'au bout le sens des responsabilités :

  •     regagnez à pied votre véhicule une fois blessé·e, quelle que soit la gravité de votre blessure,
  •     acceptez d'attendre des heures dans les couloirs des urgences hospitalières où il y a aussi les victimes d'accident domestiques, d'attaques cardiaques, etc
  •     acceptez de dormir dans des couloirs déjà bondés
  •     d'être pris en charge par du personnel épuisé par des mois de sollicitation

C'est rarement dans les situations et les endroits que l'on a identifiés comme les plus dangereux que les accidents graves arrivent.

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